Il y a si longtemps #2
J'étais un intrus, un militaire là pour les points stratégiques qu'offrait sa terre, son peuple serait un allié utile,
contre un ennemi commun, sans plus.
J'avais la conviction que nos promesses de protection ne seraient jamais tenues.
Peu à peu, J'avais le sentiment de le trahir.
Au bout de deux semaines, j'éprouvais désormais un indicible respect pour cet homme
dont je commençais à croire qu'il n'était dupe de rien .
Je savais qu'il m'observait lui aussi, je sentais qu'il savait déjà tout de moi,
"la forêt révèle les hommes", elle les nourrit aussi,
"mon guide" m'apportait ce qu'il y trouvait, ces repas étaient un don.
Le montagnard offrait au citadin ce qui lui appartenait. Il y avait en cela de l'amitié,
et je le trahissais en retour, je ne pensais qu'à cela, sans cesse.
Un mois passé ensemble, il m'évita bien des pièges,
jamais il ne me fit remarquer combien j'étais maladroit dans son univers .
Le temps passait vite j'aurais pu m'en réjouir, mais je ne pouvais m'empêcher de la savoir en péril,
je m'étais rendu compte que nos armes et toute notre avancée technologique ne serait pas adaptée à ce terrain,
c'était devenu une évidence.
J'aurais voulu le mettre en garde, lui conseiller de mettre à l'abri ses proches,
et lui même... Mais l'accepterait t il? je savais qu'ils n'y auraient jamais survécu.
De toute façon son attachement à sa terre était trop fidèle, Il était trop noble pour partir.
Comment l'imaginer un seul instant demandeur d'asile dans ma cité.
Impossible d'en parler et puis c'était superflu.
Ce poids je devais le porter jusqu'au jour de notre séparation. La mission qui m'avait été confiée s'achevait.
A la sortie du dernier village de la montagne, nous devions nous séparer,
un silence chargé de pensées marqua donc notre au revoir.
(à suivre)